Les troupes coloniales congolaises
Le Congo belge |
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Propriété privée du roi des Belges, Léopold II, depuis 1885, le Congo devient une colonie belge le 15 novembre 1908 suite à l'acte testamentaire de Léopold II. Il cède ainsi son royaume africain en contre-partie des emprunts que lui avait consenti l'État belge durant les années de colonisation du Congo. L'État indépendant du Congo lègue au Congo belge des infrastructures modestes, ainsi qu'un cadre légal et un appareil administratif qui est concentré à Boma. En 1914, l'administration est dirigée par le Gouverneur général Félix Fuchs, secondé par le vice-gouverneur général du Katanga, Charles Tombeur, et par le vice-gouverneur de la Province orientale, Justin Malfeyt. La Force publique, qui est à la fois police coloniale et armée territoriale, appuie la prise de contrôle du territoire et de la population.
Le Congo belge est alors géré par trois pouvoirs qui s'équilibrent : l'administration, les missions catholiques et les grandes sociétés privées. Le chef de l’État reste en toutes circonstances le roi des Belges. La langue française est la seule langue officielle. Les grands groupes financiers belges ont compris rapidement que le Congo est une entreprise fort rentable. Avec le Congo, la Belgique obtient des matières premières peu chères. L'administration coloniale recrute des travailleurs forcés pour les plantations ainsi que pour les nombreuses mines. Le poids économique, financier et géopolitique du Congo belge s'affirme davantage lors de la Grande Guerre. La Banque du Congo belge ouvre le 08 septembre 1914 une agence à Londres qui joue le rôle de banquier du Trésor colonial durant tout le conflit. Les crédits britanniques assurent la stabilité du franc congolais dont le cours est fixé par rapport à la livre sterling jusqu'en 1919.
Le 04 août 1914, un télégramme annonçant la déclaration de guerre de l'Allemagne à la Belgique et celle du Royaume-Uni à l'Allemagne parvient à l'administrateur général de l'Afrique orientale allemande, le gouverneur Heinrich Schnee. Au même moment, des télégrammes similaires arrivent au gouverneur général du Congo belge Félix Fuchs et au gouverneur de l'Afrique orientale britannique, Henry Conway Belfield. Tous trois, conformément aux articles du chapitre III de l'Acte général de la conférence de Berlin de 1885, ordonnent qu'aucune action hostile ne soit prise. Une autre raison est qu'aucune colonie n'a beaucoup de troupes militaires.
Au Congo belge, la Force publique fonctionne plus comme une force de police que comme une armée. Cependant le commandant de la troupe impériale de protection de l'Afrique orientale, le lieutenant-colonel Paul von Lettow-Vorbeck, ignorant les ordres de Schnee, prépare son armée au combat et la renforce. De 260 Allemands et 2 472 Askaris au 04 août 1914, les Schutztruppen vont s'agrandir jusqu'à compter, au 31 décembre 1915, 2 712 Allemands, 11 367 Askaris et 2 591 auxiliaires Ruga-Ruga assistés par 45 000 porteurs. Alerté des préparatifs allemands, le commandant en chef de la Force publique, le lieutenant général Charles Tombeur ordonne la mobilisation le 06 août 1914 et nomme le lieutenant-colonel Frédérick Olsen chef d'état-major. Sans leur expliquer les causes réelles et les véritables enjeux de ce sanglant conflit, les Européens imposent aux Africains comment ils doivent se battre militairement, économiquement et financièrement.
Le gouverneur général, Félix Fuchs, reçoit du ministre des colonies, Jules Renkin, l'ordre de prendre des mesures militaires pour défendre le Congo et assurer son intégrité territoriale, particulièrement sur la rive orientale des lacs Kivu et Tanganyika qui sont frontaliers du Rwanda, de l'Urundi et de l'Est africain qui sont des colonies allemandes. Fin 1914, Eugène Henry succède à Félix Fuchs comme gouverneur général du Congo belge. Dès le 28 août 1914, la Force publique commandée par le lieutenant-général Charles Tombeur est en mesure de mobiliser 18.000 hommes de troupe, dont 719 Belges et de réquisitionner 200.000 civils comme porteurs. Le dispositif de campagne de la Force publique congolaise comprend 3 brigades commandées par le lieutenant-général Charles Tombeur assisté de son chef d'état-major, le lieutenant-colonel Auguste Tilkens. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La Force publique congolaise |
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Le dispositif de campagne de la Force publique congolaise comprend 3 brigades commandées par le lieutenant-général Charles Tombeur aidé par son chef d'état-major, le lieutenant-colonel Auguste Tilkens. Au total, cette Force publique comprend 18 000 soldats, dont 719 Belges. Pour l'accompagner dans ses campagnes militaires, 200.000 porteurs sont réquisitionnés. L'armement de ces soldats diffère de celui de l'armée belge. Le fusil Albini-braendlin 11 mm constitue l'arme individuelle. Quelques mitrailleuses Maxim et canons, Nordenfelt 4,7 cm et Krupp 7,5 cm appuient l'infanterie. En 1914, l'uniforme est bleu accompagné du fez rouge. Il est remplacé en 1915 par l'uniforme kaki. En 1914, elle est commandée par le Colonel Philippe Molitor puis, à partir de septembre 1916, par le Lieutenant-colonel Armand Huyghé. Cette brigade concentre ses opérations au nord du lac Kivu.
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Elle est commandée par le Lieutenant-colonel Frédérick Olsen. Cette brigade se bat entre les lacs Kivu et Tanganyika.
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Elle est commandée par le Colonel Georges Moulaert, qui se bat sur le lac Tanganyika.
Les missions de la Brigade navale sont organisées en 4 temps :
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Les volontaires congolais |
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Lorsque la guerre éclate en 1914, la France fait appel aux soldats noirs pour défendre la patrie en danger. De son côté, La Force publique du Congo belge ne s’engage que sur le front africain. La Belgique hésite à faire venir les soldats congolais sur son sol. Cependant, l'idée tombe rapidement à l'eau car selon le ministre des Colonies Jules Renkin : « Le "Blanc" perdrait de son estime et de son respect s’il devait ramper dans la boue à côté du Congolais. Ce n’est pas bon pour leur civilisation ni pour le prestige de la race blanche en Afrique. Il y va même de notre obligation morale de ne pas associer à cette mêlée infernale les peuples que nous avons la charge de protéger ». Officiellement, il n’y a eu aucun soldat congolais dans l’armée belge durant la Grande Guerre ! Cependant, le 02 janvier 1918, avant la fin de la guerre, l’État-major militaire belge pose la question suivante aux commandants de toutes les divisions de l’armée : « Combien de Noirs ont servi dans vos unités et combien celles-ci en comptent-elles actuellement ? ». En toute logique, la réponse devrait être « zéro ». Et pourtant. La première division déclare en avoir eu quatre, dont deux sont toujours sous les drapeaux. Le commandant de la deuxième division croit en avoir eu deux. La troisième division a compté trois combattants noirs, dont un seul est encore présent en 1918. Chacune des sept réponses reçues mentionne la présence d’au moins un Noir. L’état-major note, en conclusion, qu’au cours du conflit mondial, 27 soldats noirs ont servi dans les rangs de l’armée belge. Le chiffre est erroné. Certains corps de l’armée, notamment les troupes auxiliaires, n’ont pas reçu la demande. Sans compter que l’administration militaire éprouve manifestement des difficultés à écrire certains noms congolais. Des soldats congolais qui se sont distingués dans le courant du conflit n’apparaissent pas dans la liste ; d’autres y sont mentionnés deux fois. D’autres encore, tombés au champ d’honneur avant la fin du conflit, sont déjà oubliés en janvier 1918. En réalité, au moins 32 Congolais ont servi dans l’armée belge au cours de la Grande Guerre. En 1914, des Congolais vivant en Belgique s'engagent dans le Corps de Volontaires Congolais (CVC) que crée l'arrêté royal du 05 août 1914. Commandé par le colonel Chartin, ce corps regroupe des fonctionnaires de la colonie, des agents des compagnies coloniales en Belgique et d'anciens coloniaux. Dès la mi-octobre 1914, le CVC est dissous et les volontaires sont éparpillés dans différentes unités. En 1918, à l'accession du Congo à l'indépendance, un ancien combattant de la Grande Guerre, Victor Koumoriko, originaire du Lac Léopold II, sera élu au sénat dont il sera le doyen.
Ces Congolais sont arrivés en métropole à fleurs d’âge et sont aussi, pour la plupart, décédés très jeunes. Les uns sont arrivés en Belgique par le port d’Anvers travaillant comme marins dans la Compagnie Maritime belge du Congo. Les autres ont été amenés en métropole pour servir de domestiques aux Belges de retour dans leur pays.
Quoi qu'il en soit, il est important de ne pas oublier ces 32 volontaires congolais qui ont versé leur sang pour défendre le sol belge et repousser l'envahisseur allemand.
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Le bilan |
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Les victoires militaires de la Force publique congolaise permettent à la Belgique, à la France et au Royaume-Uni d'étendre leurs possessions aux territoires colonisés par l'Allemagne et conquis avec vaillance par les soldats congolais. Ainsi Kigali est conquis le 06 mai 1916, Usumbura le 06 juin 1916, Kigoma le 29 juillet 1916, Tabora en septembre 1916 et Mahenge en octobre 1917. La Force publique congolaise est la plus belle armée africaine de la Grande Guerre. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces combattants sont les oubliés de cette guerre. |