La Grande Guerre

Quand les militaires se renseignent

Du côté allemand

  • Le Nachrichten Abteilung

En 1914, le service de renseignement allemand - Nachrichten Abteilung - est aux ordres du grand état-major et compte 90 officiers et employés. Ce service est commandé par l’Oberstleutnant Hentsch. Ce service est chargé de l’espionnage et du contre-espionnage. Avant le déclenchement de la guerre, le Nachrichten Abteilung est chargé de recruter des agents dans les pays frontaliers. Ces agents doivent repérer les dispositifs militaires et noter leurs points faibles. À Paris, un espion, le baron von Schluga, est particulièrement efficace.

  • Le renseignement dans la guerre de position

En s'installant dans les tranchées, les Allemands mettent en place l'aviation de reconnaissance. Cependant, ils rencontrent des difficultés pour rendre opérationnelle la photographie aérienne.

Du côté britannique

  • Le Field Intelligence Department

En 1900, les Britanniques disposent déjà du Field Intelligence Department qui compte 132 officiers et 2 300 employés. Chaque employé du service terrestre doit connaître la topologie de l'Allemagne, de la Belgique et de la France. Il doit également savoir monter à cheval.

  • Le renseignement dans la guerre de position

Avec l'installation des troupes dans les tranchées, la cavalerie devient obsolète. Les renseignements doivent provenir d'autres sources. Le développement de l'aviation arrive à point nommé. Dès 1915, grâce à la reconnaissance aérienne et à la photographie aérienne, le haut commandement peut connaître les emplacements des troupes et de l'artillerie ennemie. En 1917, la photographie aérienne s'enrichit de la photogrammétrie qui permet de mesurer les distances à partir de photographies.

Avec la montée en puissance de l'artillerie, la cartographie gagne en précision. En 1915, les Britanniques élaborent les trench maps qui sont à la fois des cartes de tranchées et d'artillerie. Ces cartes sont réalisées à partir des plans cadastraux à grande échelle - 1 : 2 500 - et comportent les endroits précis des mitrailleuses, des canons et des réseaux de barbelés ennemis. Elles sont régulièrement mises à jour par les Fields Survey Compagnies ou FSC qui consultent sans cesse les photographies aériennes.

Du côté français

  • Les enjeux du renseignement

Pour la France, les enjeux du renseignement militaire sont triples. Premièrement, il s’agit d’assurer l’autonomie de décision du général en chef en lui livrant tous les éléments concernant l'ennemi. Deuxièmement, le renseignement contribue à planifier les opérations, puisqu’en évaluant les forces de l'ennemi, il autorise l’engagement d’un volume adapté de troupes. Troisièmement, le renseignement contribue à se prémunir de toute action de l’ennemi en déjouant ses plans. Malgré l'importance du renseignement, le Deuxième Bureau français végète jusqu'en 1906. Il faut attendre janvier 1914 pour que plusieurs instructions fixent le rôle du Deuxième Bureau. Ainsi, il doit couvrir quatre domaines : l’ennemi, le terrain, les ressources de tous ordres, enfin l’état d’esprit des habitants. Peu avant la guerre, le service de renseignement recouvre sa mission de contre-espionnage. La marine française possède, quant à elle, sa propre structure de renseignement qui est nommé le « Service spécial de l’état-major ».


Retour à la page précédente