La Grande Guerre

L'Europe et ses nouveaux conflits d'après guerre

Les conflits de 1918

  • La guerre d'indépendance de l'Estonie

Cette guerre, qui débute le 28 novembre 1918, est une campagne défensive menée par l'Estonie et ses alliés, notamment le Royaume-Uni, la Finlande, la Suède et le Danemark, pour repousser l'offensive de l'Armée rouge sur le front occidental déclenchée dans le cadre de la guerre civile russe. L’Estonie défend son indépendance nouvellement acquise après la désintégration de l'Empire russe et l'invasion par les Allemands. Elle se conclut par la victoire de l'Estonie formalisée par le traité de Tartu.

  • La guerre d'indépendance de la Lettonie

Cette guerre, qui débute le 05 décembre 1918, est la conséquence de la défaite allemande en 1918 et de l'invasion de la Lettonie par les armées rouges. Les élites lettones se décident à proclamer l'indépendance le 18 novembre 1918 malgré la présence des Soviétiques dans plusieurs régions lettones. Des corps francs germaniques sont créés afin d'aider la Lettonie à repousser les troupes soviétiques. Les Allemands essaient de se rapprocher de la Lettonie qui était germanique au Moyen-Âge. Ce n'est qu'en janvier 1920 que la Lettonie est un véritable pays qui fonctionne correctement. Aussi, les puissances européennes reconnaissent l'indépendance de la Lettonie le 26 janvier 1921. Les Soviétiques doivent s'incliner et accepter de signer le traité de Riga avec le gouvernement letton le 18 mars 1921.

  • Les guerres d'indépendance de la Lituanie

Afin de gagner son indépendance, la Lituanie doit livrer 3 guerres en 3 ans contre :

  • Les armées rouges entre décembre 1918 et août 1919 ;
  • Les volontaires de l'ouest de la Russie entre juin 1919 et décembre 1919 ;
  • Les armées polonaises entre août 1920 et novembre 1920.

En octobre 1920, la Lituanie, qui a repoussé tous ses adversaires, adhère à la Société des Nations. Elle adopte une loi de réforme agraire et une monnaie nationale, le litas.

Les conflits de 1919

  • La guerre soviéto-polonaise

Cette guerre, qui débute le 14 février 1919 près des villes de Manevytchi et Biaroza en Biélorussie, oppose les troupes rouges à l'armée polonaise qui défend son territoire enfin retrouvé. Vers la fin février 1919, la progression de l'offensive bolchevique est arrêtée. Début mars 1919, les troupes polonaises commencent une offensive et traversent le fleuve Niémen, capturent Pinsk et atteignent Lida. Devant les offensives de plus en plus vives des forces blanches, l'Armée rouge se retire de ses positions et se réorganise. Le 19 avril 1919, l'armée polonaise reprend la grande ville de Vilnius et avance sur le front est. Jusqu'en avril 1920, l'armée polonaise avance lentement mais sûrement vers l'est. Le 24 avril 1920, la Pologne déclenche son offensive générale avec pour objectif la création d'une Ukraine indépendante. Les forces combinées polono-ukrainiennes s'emparent de Kiev le 07 mai 1920, ne rencontrant qu'une faible résistance. La contre-attaque de l'Armée rouge débute le 24 mai 1920. Rapidement les troupes polonaises, composées de 120.000 hommes, doivent reculer face aux armées rouges qui comptent plus de 800.000 hommes. Le 04 juillet, une nouvelle contre-attaque russe oblige les troupes polonaises à reculer jusqu'en Biélorussie. Les forces russes progressent de 30 km chaque jour. Le même mois, la Lituanie, majoritairement anti-polonaise, décide d'appuyer les armées rouges. Cette décision est dictée par le désir de récupérer Vilnius et ses environs. Cette décision est d'autant plus facile à prendre que la présence de l'Armée rouge stationnée sur les frontières de la Lituanie constitue une menace. Les troupes polonaises doivent dorénavant défendre le territoire polonais. Malgré leur supériorité numérique incontestable, les armées rouges subissent deux défaites lors des batailles de Brody et de Zadwórze. Les Soviétiques demandent alors la paix. Sous la pression des gouvernements occidentaux et de la Société des Nations, les Polonais acceptent de négocier. Une première proposition soviétique est faite le 21 septembre 1921 suivie d'une autre le 28 septembre 1921. La délégation polonaise fait une contre-proposition le 2 octobre. Le 5, les Soviétiques proposent des amendements que la Pologne accepte le traité de Riga est signé le 18 mars 1921 officialisant le partage des territoires contestés en Biélorussie et Ukraine entre la Pologne et la Russie.

  • La guerre hungaro-roumaine

Cette guerre, qui débute le 15 avril 1919, est une guerre anticommuniste menée par les Roumains contre la République des conseils de Hongrie. Pour récupérer les territoires perdus par la République démocratique hongroise, la Hongrie communiste entre en conflit avec tous ses voisins. Ainsi, le 15 avril 1919, les Hongrois lancent une offensive préventive contre l'armée roumaine malgré leurs matériels obsolètes et leur manque de munitions. Le front se stabilise dans les Carpates occidentales roumaines. L'armée roumaine y reçoit des armes et des munitions en provenance de la France par la mer Noire. Fin avril 1919, elle brise les lignes hongroises. Le 02 mai 1919, le gouvernement hongrois demande la trêve. En réponse, le 20 mai 1919, l'Armée rouge hongroise attaque et repousse les troupes roumaines. Une seconde attaque débute le 17 juillet mais celle-ci tourne rapidement au désastre militaire. Le 26 juillet, l'armée roumaine contre-attaque. Le 30 juillet, les Roumains sont devant Budapest. Le 02 août 1919, les Roumains occupent Budapest, évinçant le régime communiste au profit du gouvernement hongrois de Gyula Peidl, qui demande aussitôt l'arrêt des hostilités.

  • La guerre gréco-turque

Cette guerre, qui débute le 19 mai 1919, oppose la Grèce aux Turcs menés par Mustafa Kemal. L'une des raisons invoquées par le gouvernement grec pour lancer son expédition militaire est qu'il existe en Anatolie d'importantes populations orthodoxes de langue grecque qu'il convient de protéger des Turcs musulmans. La guerre d'indépendance a pour conséquence de provoquer la chute du sultanat turc et du système ottoman antérieur, lequel est remplacé par la République de Turquie. Ce changement radical de régime, largement préparé par le gouvernement des Jeunes-Turcs, est le point d'orgue d'un processus révolutionnaire connu dans les années qui suivent sous le terme de kémalisme.

Les conflits de 1920

  • La guerre arméno-turque

Cette guerre, qui débute le 23 septembre 1920, oppose la République d'Arménie et les révolutionnaires du mouvement national turc. Cette guerre découle du traité de Sèvres qui définit les frontières de l'Arménie et lui attribue notamment les régions de Van et de Bitlis. Mais les Turcs ne veulent pas céder ces régions jusqu'alors incluses dans l'Empire ottoman et habitées également par quelques populations turques et kurdes. Dès lors, Mustafa Kemal Atatürk organise une offensive contre l'Arménie pour reprendre ces terres et la guerre reprend. L'assaut est donné sur l'ordre de Mustafa Kemal le 23 septembre 1920. L’Arménie, stupéfaite, déclare la mobilisation générale, mais l'armée ne compte que quelques dizaines de milliers d'hommes face aux Turcs. La progression des Turcs est très rapide et la résistance arménienne quasi inexistante. Après une dernière contre-attaque, les Arméniens signent un armistice le 18 novembre 1920. L’Arménie perd la guerre. Le 02 décembre 1920, le traité d'Alexandropol est signé.

  • La guerre civile turque

Après la défaire de l'Empire ottoman durant la Grande Guerre et avec la complicité du sultan Mehmed VI, le pays est envahi par les armées européennes, britanniques, françaises, italiennes et grecques. Face à la collaboration du sultan avec les occupants, le général Mustafa Kemal se révolte contre le pouvoir impérial en créant un deuxième pouvoir politique à Ankara et engage une guerre contre le gouvernement impérial et les armées étrangères. Sentant la situation lui échapper, le sultan confie à son ministre de la Guerre, Soliman Chevket Pacha, la création d'une force irrégulière destinée à exterminer les nationalistes. Une guerre civile éclate alors entre l'Armée du Calife dirigée par Soliman Chevket Pacha, et les nationalistes turcs dirigés par le général Mustafa Kemal. Aux quatre coins du pays, les paysans se soulèvent contre les nationalistes. Les nationalistes se trouvent rapidement en perte de vitesse, alors que les défenseurs du sultan se rapprochent dangereusement d'Ankara. Mais en signant le traité de Sèvres, qui consacre le dépècement de l'Empire, le gouvernement du sultan perd le soutien de bien des Turcs qui se tournent désormais vers les nationalistes. Les soldats de l'Armée du Calife décident alors l'arrêt des combats. Mustafa Kemal constitue aussitôt un gouvernement de salut public et charge ses généraux d'organiser la défense nationale. La désagrégation de l'Armée du calife, signe la fin de l'influence du sultan en Turquie, met fin à la guerre civile et inaugure la guerre d'indépendance contre les troupes d'occupation.


Retour à la page précédente