La Grande Guerre

Les mobilisations générales des armées

Les mobilisations humaines

  • Les mobilisations des conscrits

Au lendemain des déclarations de guerre, des ordres de mobilisation sont placardés sur tous les murs de toutes les villes. Pour la quasi-totalité des belligérants, les effectifs militaires permanents ne constituent que quelques centaines de milliers de soldats. C'est grâce à la mobilisation des conscrits et des réserves aptes au service que les effectifs passent à plusieurs millions de soldats. La planification de toutes ces mobilisations s'effectue par l'État-Major général de chaque armée. Les mobilisés doivent se rendre dans des casernes précisées dans leur ordre de mobilisation. Là-bas, ils reçoivent leur uniforme, leur paquetage et tout le nécessaire pour partir au front. Les Britanniques et leurs colonies sont l'exception car il n'existe qu'une armée professionnelle limitée et la conscription n'existe pas. Pour grossir leur armée, ils font appel aux volontaires, du moins au début de la guerre.

L'affiche de mobilisation française
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L'affiche de mobilisation allemande
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L'affiche de mobilisation allemande
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L'affiche de mobilisation austro-hongroise
Crédit photo : Gwar-ru
Une affiche de recrutement britannique
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  • La mobilisation allemande

En Allemagne, la mobilisation se déroule du 02 au 17 août 1914. En 15 jours, l'État-Major général allemand gère le transport, l'habillement, l'équipement et l'armement de plus de trois millions d'hommes sur toute l’étendue de l'Empire allemand. Ces hommes sont ensuite acheminés par voie ferrée vers les frontières allemandes. Cette mobilisation générale, prévue de longue date, permet à l'armée allemande d'atteindre ses effectifs de guerre et d'entrer en campagne. L'armée permanente compte 822.000 hommes. Tout comme pour la France, l'armée de guerre allemande est une armée de conscrits, Wehrpflicht en allemand. La forte croissance de la population allemande permet à l'armée d'être exigeante sur l'état physique des conscrits. En plus de ses restrictions physiques, une partie du contingent annuel n'est même pas incorporée pour des raisons budgétaires. Au total, 3.750.000 d'hommes sont intégrés dans l'armée allemande.

La mobilisation allemande
Crédit photo : Wikiwand
La mobilisation allemande
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La mobilisation allemande
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La mobilisation allemande
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  • La mobilisation belge

Le 28 juillet 1914, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. En Belgique, pays neutre, les premières mesures sont prises. Ainsi, les permissions sont suspendues et les militaires en congé sont rappelés. Le 29 juillet 1914, le Royaume de Belgique procède au rappel de trois classes de milice. Dans le même temps, on travaille à la préparation des forts de Liège et de Namur. Le 31 juillet 1914 à 19 heures, la mobilisation générale est décrétée. Les casernes sont vite remplies. C'est là que les réservistes sont habillés, armés, nourris et logés. En plus des réservistes, de nombreux jeunes décident de s'enrôler comme volontaire pour défendre leur pays. Cet enthousiasme gagne petit à petit l’entièreté du pays. Un peu partout fleurissent des drapeaux aux couleurs nationales. La Belgique ne voulait pas la guerre, mais puisqu’elle n'est pas le choix c'est avec bravoure qu'elle va y faire face. Des réquisitions sont aussi effectuées. De nombreux chevaux, vélos et automobiles deviennent la propriété de l’armée.

La mobilisation belge
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La mobilisation belge
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La mobilisation belge
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La mobilisation belge
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  • La mobilisation britannique

En août 1914, le Royaume-Uni ne dispose que d'une armée régulière professionnelle composée de 247 432 soldats organisés en quatre régiments de gardes à pied, 68 régiments d'infanterie, 31 régiments de cavalerie, d'artillerie et d'autres armes de soutien. La plupart de ces soldats sont stationnés outre-mer en garnison à travers tout l'Empire britannique. Toutefois, cette armée régulière est soutenue par la Territorial Force et par les réservistes, soit un total de 145 000 hommes supplémentaires. Par conséquent, le Royaume-Uni commence la Grande Guerre avec six divisions régulières et quatorze divisions de réserve. En 1914, la division de cavalerie, assignée à la BEF, est composée de 15 régiments de cavalerie répartis en cinq brigades. Ces cavaliers sont armés de fusils, contrairement aux Allemands et aux Français, qui sont seulement armés d'une carabine de courte portée.

La mobilisation britannique
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La mobilisation britannique
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La mobilisation britannique
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La mobilisation britannique
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Pour grossir son armée de métier, le Royaume-Uni fait appel aux volontaires dès le mois d'août 1914. En quelques semaines à peine, 300 000 hommes se sont engagés. Au sein du Royaume-Uni, ce sont les Écossais qui se révèlent les plus motivés pour s'engager. Ainsi 26,9 % des hommes, âgés entre 15 et 49 ans, s'engagent pour défendre l'empire britannique. De leur côté, les Gallois s'engagent à concurrence de 24,2 %, tout commes les Anglais. Quant aux Irlandais, plus mitigés, ils sont 44 000 à s'engager en 1914. Fin septembre, l'armée a encore recruté 450 000 volontaires. Ce recrutement reste assez constant pendant les derniers mois de 1914 et les premiers mois de 1915. Mais après la campagne de la Somme, qui fait 360 000 victimes, le nombre de volontaires diminue de manière drastique. En décembre 1915, 2 600 000 hommes se sont déjà portés volontaires. Mais devant le nombre croissant des pertes sur les différents fronts, le Royaume-Uni est obligé d'instaurer la conscription dès le mois de janvier 1916 pour les hommes célibataires. Elle est, en mai 1916, étendue à tous les hommes âgés de 18 à 41 ans. Grâce à la conscription, 2 300 000 d'hommes supplémentaires sont appelés sous les drapeaux.

  • La mobilisation française

En France, l'annonce de la mobilisation ne déclenche pas un enthousiasme généralisé. Le sentiment le plus répandu dans toutes les couches de la population est celui de la surprise plus particulièrement en zone rurale où la diffusion de la presse est moins importante qu'en ville. À la stupeur initiale se succède une certaine consternation, de la tristesse et de l'angoisse. Se sentant agressé par l'Allemagne, l'état d'esprit des Français change lors du départ des soldats pour les casernes, comme les manifestations d'enthousiasme dans les gares d'embarquement des mobilisés. Les hommes montrent un véritable élan patriotique empreint de gravité et de résolution à faire leur devoir, malgré les fréquentes larmes versées par les femmes ou les adieux plus ou moins déchirants.

La mobilisation française est subdivisée en trois périodes : la période de couverture (du 02 au 07 août 1914) pendant laquelle les réservistes sont appelés sous la protection des troupes de couvertures, puis la période de concentration des gros (du 08 au 13 août 1914) pendant laquelle les troupes d'active et de réserve sont déplacées vers la frontière et enfin le début de la période des grandes opérations (du 14 au 18 août 1914) pendant laquelle les troupes territoriales, les parcs et la logistique sont mis en place.

La mobilisation française
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La mobilisation française
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La mobilisation française
Crédit photo : Wikipedia
La mobilisation française
Crédit photo : Wikipedia

Tous les hommes ne sont pas mobilisés en même temps, mais de façon progressive selon le statut du mobilisé. Les 880 000 hommes de l'active, soit les classes 1911, 1912 et 1913 sont déjà dans les casernes. Ils sont rejoints par les 2 200 000 d'hommes de la réserve, soit les classes 1900 à 1910. Ensuite, ce sont les 700.000 hommes de la territoriale, qui se rendent dans les différentes casernes françaises. Le transport de tous ces réservistes et territoriaux de leur domicile à leur dépôt d'affectation se fait essentiellement par voie ferrée, ce qui représente pas moins de 10 000 trains traversant la métropole dans tous les sens et transportant gratuitement les mobilisés en tenue civile.

Les mobilisations financières et économiques

La guerre se fait avec des soldats mais aussi avec de l'argent. Sans soldats, l'argent ne sert à rien et sans argent impossible d'équiper et de ravitailler ses soldats. Ainsi durant plus de 4 ans, toute la richesse de chaque pays en guerre, son sang et son or passent dans les nombreux combats de la Grande Guerre. À l'arrière, on verse ses économies pour la défense du pays et l'on se sert la ceinture.

  • Les mobilisations financières

Trouver de l'argent pour mener à bien la guerre, tel est le rôle des gouvernements en guerre en 1914. Pour y arriver, il existe plusieurs moyens :

  • L'augmentation des impôts indirects, des taxes sur la consommation, sur le tabac et l'alcool. En France, il n'est pas question d'augmenter les impôts directs ;
  • L'endettement intérieur à travers la diffusion de bons de la défense nationale qui ont l'avantage d'associer la bonne affaire d'un intérêt de 5% avec l'accomplissement du devoir patriotique. La propagande utilisant la culpabilisation patriotique fonctionne dans de nombreux pays ;
  • L'endettement extérieur via des bailleurs de fonds étrangers. Ce sont surtout les États-Unis d'Amérique, jeune nation en pleine croissance qui sont sollicités par les Alliés.  Avant 1914, la monnaie référence est la Livre sterling britannique. Après 1919, la monnaie référence est le dollar américain. Les banques américaines marchandent leur soutien, prêtant à des taux d'intérêt prohibitifs en arguant du risque de ne jamais recouvrer leur argent en cas de victoire des pays de l'Axe. Lors de l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique en 1917, Washington apporte sa caution à Paris et verse l'équivalent de 13 milliards de francs de 1917 à 1918 ;
  • L'inflation provoquée par la guerre, qui fait fondre le stock d'or à vue d'œil, oblige les gouvernements à imprimer autant de billets de banque que nécessaires pour pouvoir financer les achats de guerre. Cette méthode est à la base de la dépréciation monétaire et d'une hausse des prix de nombreux produits.
Une affiche française
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Une affiche allemande de 1918
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Une affiche autrichienne de 1916
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Une affiche anglaise de 1918
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Une affiche américaine de 1918
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Une affiche russe de 1915
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  • Les mobilisations économiques

La mobilisation des hommes perturbe fortement la production et les échanges des pays en guerre. Mais comme la guerre doit soi-disant être courte, les gouvernements ne s'alarment pas. Lorsque ces mêmes gouvernements comprennent en octobre 1914 que la guerre sera longue, ils se sont préoccupés de relancer les productions industrielle et agricole. Les différents belligérants doivent à présent convertir une économie de paix en économie de guerre.

  • Une industrie en guerre

La Grande Guerre est la première guerre qui entre dans une logique industrielle où les combats ne se gagnent pas uniquement avec des soldats mais aussi grâce aux industries de l'arrière. Des terrains sont dégagés pour y construire de nouvelles usines. D'autres se reconvertissent en usines de guerre. Tous les corps de métier nécessaires pour mener à bien cette guerre ont transformé leur entreprise pour servir l'armée. Les méthodes de travail des usines évoluent tout au long du conflit. Ainsi le travail à la chaîne, venu en ligne droite des États-Unis d'Amérique, fait son apparition.

  • Des ouvriers par milliers

Pour faire tourner les usines de guerre, il faut engager des ouvriers. Dans un premier temps, certains gouvernements font revenir du front des ingénieurs et des ouvriers spécialisés. Par la suite, les usines doivent embaucher massivement des femmes, que l'on surnomme rapidement «les munitionnettes». On recrute également les réformés, les étrangers tels que des Belges réfugiés, des Espagnols, des Polonais et des travailleurs chinois fournis pour la République de Chine trouvant ainsi un moyen de contribuer +/- activement au conflit. À ces ouvriers, ce sont ajoutés des indigènes coloniaux. Les noirs africains, quant à eux, ne sont pas recrutés, car un préjugé colonial tenace les considère comme de mauvais ouvriers, alors qu'ils sont vus comme de bons soldats.

  • Des pénuries et des rationnements

Avec des millions de paysans mobilisés et la perturbation des transports ferroviaires, affectés prioritairement aux déplacements des troupes et du matériel de guerre, la production agricole ne manque pas de connaître un grand recul en quatre années de guerre. Avec une demande qui augmente sans arrêt et une offre qui diminue fortement, la hausse des prix ne tarde pas à gagner une bonne partie des pays en guerre. Progressivement, devant la montée des pénuries, plusieurs gouvernements décident d'imposer la réglementation et le rationnement. Ainsi, certains jours sont décrétés jour sans viande, les pâtisseries sont interdites à la vente plusieurs jours par semaine, etc. Du point de vue du rationnement, des cartes sont créées, limitant la consommation individuelle de certaines denrées alimentaires telles que le sucre, le beurre, le pain, etc. Dans de nombreux pays, en 1918, la carte d'alimentation voit le jour. Du côté des civils allemands durement touchés par le blocus maritime britannique, la famine devient catastrophique en 1918. L'armée allemande n'hésite pas à faire de la soupe d'orties pour nourrir ses soldats. Quant aux soldats, ils se privent de manger pour envoyer leurs colis à leur famille.

Une affiche française
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Un magasin anglais et le rationnement
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Un avis français
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Une carte de tickets pour le pain
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Une affiche française
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Une carte de charbon française
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