La Grande Guerre

La légion étrangère au service de la Grande Guerre

Les origines

  • Une armée à part

Le 10 mars 1831, La Légion étrangère est créée par le roi des Français Louis-Philippe Ier. Elle permet l'incorporation de soldats étrangers dans l'armée française. À l'origine, cette légion est destinée à combattre hors du Royaume de France, principalement en Algérie. Par la suite, elle participe à de nombreux conflits à travers le monde. La Légion étrangère est rattachée comme Corps d'armée à l'Armée de terre française tout en disposant d'un commandement particulier. Elle est indépendante au quant au recrutement des hommes dont l'âge doit être compris entre 17 et 39,5 ans. Les traditions à la Légion étrangère constituent un ciment pour ce corps qui se traduisent par les détails vestimentaires, les emblèmes et symboles spécifiques, les chants et musiques, et enfin par ses fêtes particulières. Le code d'honneur du légionnaire dicte la conduite de ces hommes au quotidien, en temps de guerre comme en temps de paix.

Les régiments

  • En 1914

Dès le mois d'août 1914, des milliers d'étrangers, présents en France ou dans les colonies, rejoignent les rangs de la Légion étrangère, afin de prouver leur attachement et leur reconnaissance à la France. Au total, ce sont 42 883 volontaires, représentant pas moins de 52 nationalités, qui forment les 5 régiments de marche de la Légion étrangère. Ces régiments sont composés en majorité de Russes, d'Italiens, de Suisses, de Belges et de Britanniques.

  • 2e régiment de marche du 2e étranger
    Créé fin août 1914 à Saïda en Algérie avec 782 soldats
    Commandé par le lieutenant-colonel Passard
    Retour en France le 02 septembre 1914
    Renforce ces effectifs pour atteindre 1 947 soldats
    Participe aux combats dès le 21 octobre 1914 face aux allemands
    Dissout le 20 octobre 1915
  • 2e régiment de marche du 1er étranger
    Créé début septembre 1914 à Sidi Bel-Abbès en Algérie avec 500 soldats
    Commandé par le colonel Pein
    Retour en France le 07 septembre 1914
    Participe aux combats dès le 21 octobre 1914 face aux allemands
    Dissout et fusionné avec le 2e régiment de marche du 2e étranger pour former le régiment de marche de la légion étrangère
  • 3e régiment de marche du 1er étranger
    Créé le 04 septembre 1914 à Reuilly en France avec 2 200 soldats
    Commandé par le lieutenant-colonel Desgouille
    Prend le nom de 3e régiment de marche du 1er régiment étranger le 28 novembre 1914
    Dissout le 13 juillet 1915
  • 4e régiment de marche du 1eer étranger
    Créé le 05 novembre 1914 à Nîmes en France avec 2 200 soldats
    Commandé par le général de Torcy
    Participe aux combats dès le 25 décembre 1914 face aux allemands
    Dissout le 05 mars 1915
    Perte 556 soldats dont 93 tués, 136 disparus, 337 blessés

Le 11 novembre 1915, à la suite des nombreuses pertes subies sur le front et au retour de la plupart des premiers engagés dans leurs pays d'origine, le commandement de la Légion étrangère décide la création du RMLE - le Régiment de Marche de la Légion étrangère -.

Crédit photo : ECPAD
Crédit photo : DP
Crédit photo : DP
Crédit photo : DP
  • En 1916

Au 1er juillet 1916, soit 8 mois après sa création, le RMLE, constitué de 3 bataillons - chacun composé de 4 compagnies - , participe à la bataille de la Somme. Le chef de Corps est le lieutenant-colonel Cot.

Les 3 bataillons sont commandés par :
  • 1er bataillon : Commandant Ruelland ;
  • 2e bataillon : Commandant Waddell ;
  • 3e bataillon : Commandant Mouchet.

Le 04 juillet 1916, lors de la prise de Belloy-en-Santerre, le 3e bataillon est anéanti et perd son commandant. Le 07 juillet 1916, le 1er bataillon attaque le boyau de Chancelier et perd à son tour son chef. À la mi-juillet, le régiment, qui ne compte plus que 3 compagnies par bataillon, est retiré du front pour se reconstituer. Du 04 au 09 juillet 1916, il a perdu 1 368 hommes sur 3 000, dont 14 officiers tués, 431 légionnaires tués ou disparus et 901 légionnaires blessés.

  • En 1917

En 1917, le RMLE reprend par aux combats après avoir reformé ses 3 bataillons. Le chef de Corps est le lieutenant-colonel Duriez, qui sera tué le 17 avril 1917.

Les 3 bataillons sont commandés par :

  • 1er bataillon : Commandant Husson de Sampigny ;
  • 2e bataillon : Commandant Waddell ;
  • 3e bataillon : Commandant Deville puis capitaine Lannurien.

La bataille des monts de Champagne qui se déroule du 17 au 21 avril se traduit par la mise hors de combat de la moitié des 1500 légionnaires du RMLE et par la perte du chef de corps qui sera remplacé par le commandant Deville.

Dès le début du mois d'août 1917, c'est la fameuse bataille de Verdun. Le commandant Deville, qui a assuré l’intérim, reprend son commandant au sein du 3e bataillon. Le nouveau chef de corps est le lieutenant-colonel Rollet.

Les 3 bataillons sont commandés par :

  • 1er bataillon : Commandant Husson de Sampigny ;
  • 2e bataillon : Commandant Waddell ;
  • 3e bataillon : Commandant Deville.

Le 20 août 1917, le régiment est chargé de contre-attaquer afin de soulager la ville. En face de lui, 4 régiments allemands sont retranchés. Le 21 août 1917, tous les objectifs sont atteints. Le RMLE a perforé le front sur 3,5 kilomètres de profondeur. C'est lors de ce fait d'armes qu'il gagne sa 6e citation à l'ordre de l'armée et obtient peu après la Légion d'honneur pour son drapeau.

  • En 1918

Au mois d'avril 1918, c'est la bataille du bois de Hangard qui voit la 131e Division d’Infanterie marche contre le village de Hangard et la cote 99. Même si l’offensive allemande n’est pas une surprise, il y a tout de même urgence à la contenir au mieux. La Division marocaine se lance dans la bataille sans avoir eu la possibilité de préparer sa contre-attaque. Le Régiment de Marche de la Légion étrangère est engagé à l’aile droite de la division. Son objectif est le bois de Hangard.

La riposte allemande est infernale. Dans le bois, c’est l’enfer. Le feu ennemi ne ralentit pas une seconde. Les survivants du 1er Bataillon poursuivent leur progression en tête, suivis de près par ceux de la 11e Compagnie du 3e Bataillon. Les légionnaires, privés de chefs, sont un peu désemparés. C’est le légionnaire Kemmler, volontaire luxembourgeois, infirmier de la section de mitrailleuses, qui prend le relais. Bien que blessé, il prend le commandement des légionnaires survivants. Malgré le feu de l’ennemi, il se dresse et maintient les hommes en place.

Les légionnaires trouvent un nouveau héros et font face vaillamment jusqu’à l’arrivée d’un adjudant. L’assaut du Régiment est sauvé. Les nuits et les jours qui se succèdent jusqu’au 06 mai 1918, sont occupés à aménager les positions tenues et à repousser toutes les contre-attaques. La prise du bois de Hangard le 26 avril voit l'anéantissement des 1er et 2e bataillons ; les pertes du régiment sont de 822 hommes, dont 13 officiers. Le 29 mai, la division marocaine et le RMLE sont acheminés par camion à l'ouest de Soissons qui vient de tomber aux mains de l'ennemi. Il s'agit de bloquer son avance vers Villers-Cotterêts en prenant position sur la "Montagne de Paris". L'attaque se déclenche au petit matin après un bref mais violent barrage d'artillerie. Nettement supérieur en nombre, l'ennemi réussit à prendre pied dans les positions de la Légion. Obligés d'économiser leurs munitions, les légionnaires perdent 47 tués, 219 blessés et 70 disparus en deux jours de combat.

Ces pertes viennent s'ajouter à celles du mois précédent qui n'ont pas été compensées - 1.250 hommes -. Néanmoins, le RMLE réussit à maintenir ses positions et à bloquer l'avance allemande dans son secteur. Jusqu'au 31 mai 1918, sur un front de 5 km, le régiment de marche de la Légion étrangère, composé entre autres de volontaires arméniens, les 3e et 10e BCP tiennent seuls pendant six jours et six nuits, sans rempart, sans artillerie lourde, sans aviation, avec une artillerie de campagne très insuffisante, sous la pression d'une armée formidable, repoussant les attaques successives des assaillants. Le 18 juillet, le RMLE participe à la grande contre-offensive de Foch dans la région de Villers-Cotterêts. Le 1er bataillon perd son chef le commandant Husson de Sampigny.

En août 1918, le régiment, qui a récupéré ses blessés et complété ses effectifs avec des renforts du dépôt de Lyon et des cadres en provenance du Maroc, compte 48 officiers et 2 540 légionnaires. Le chef de corps est toujours le Lieutenant Colonel Rollet.

Les 3 bataillons sont commandés par :

  • 1er bataillon : Capitaine Jacquesson ;
  • 2e bataillon : Capitaine Lannurien puis capitaine Sanchez-Carrero ;
  • 3e bataillon : Commandant Marseille.

Le 02 septembre 1918, le régiment donne l'assaut à la ligne de défense de Hindenburg à la hauteur de Terny-Sorny. En deux semaines de combat, le RMLE perd la moitié de ses effectifs 275 tués, dont 10 officiers et 1 118 blessés. Il déplore en outre la perte d'un chef de bataillon, le capitaine Lannurien. Néanmoins, le 14 septembre 1918, le RMLE repart à l'attaque et enfonce le front au niveau du village de l'Allemant. C'est le dernier fait marquant du RMLE lors de la Grande Guerre.

Le bilan de la Légion

  • Pour l'Honneur

Au total, plus de 6 000 légionnaires trouvent la mort sur les champs de bataille durant la Grande Guerre. Avec le RICM, le RMLE sera le régiment le plus décoré de France. Le RMLE est rapidement envoyé au Maroc afin d'accélérer la pacification. Le 20 septembre 1920, le RMLE devient le 3e régiment étranger.


Retour à la page précédente