La Grande Guerre

Les fusillés pour l'exemple dans les différentes armées


Du côté allemand

  • L'exemple

La notion d’exemplarité existe également dans l'armée allemande. Au total, l'armée allemande reconnaît avoir fusillé 48 soldats sur toute la durée de la guerre.

Du côté américain

  • L'exemple

L'armée américaine fusille également ses soldats si ceux-ci sont condamnés pour viol(s) ou crime(s). Au total, l'armée américaine a fusillé 11 soldats.

Du côté britannique

  • L'exemple

La notion d’exemplarité existe également dans l'armée britannique. La désertion, l’abandon de poste, le refus d’obéissance, l’outrage et voie de faits sur un supérieur conduisent aux peines les plus lourdes. La peine de mort, qui est prononcée pour 330 soldats britanniques sur toute la durée de la guerre, peut également toucher les soldats qui s’endorment à leur poste. Deux soldats sont ainsi exécutés pour ce dernier motif.

Du côté français

  • Pour l'exemple

Un soldat fusillé pour l’exemple désigne un militaire exécuté après décision d’une juridiction militaire intervenant non seulement dans un cadre légal pour un délit précis, mais aussi dans un souci d’exemplarité visant à maintenir les troupes en parfait état d’obéissance. Il est très difficile d’apprécier le nombre exact de cas, et la part qu’a joué parfois la volonté de faire un exemple d’un cas d’insubordination au front, pour éviter les paniques généralisées. Cette pratique est à distinguer des condamnations à mort après passage en cour martiale, avec audition de témoins, conformément au Code de justice militaire, parfois utilisée par les états-majors de différents pays impliqués dans le conflit.

  • Les fusillés

Pour l'ensemble de la guerre, 2 400 soldats sont condamnés à mort dont 953 soldats sont fusillés pour l'exemple.
Parmi ces fusillés, on en dénombre :

  • 639 qui le sont pour désobéissance militaire ;
  • 140 qui le sont pour des faits de droit commun ;
  • 127 qui le sont pour espionnage ;
  • 47 qui le sont pour motifs inconnus.

La plupart des condamnés à mort sont issus de l'infanterie. Ces condamnations sont prononcées pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, désertion, abandon de poste devant l’ennemi, délit de lâcheté ou mutinerie. En revanche, les militaires abattus pour refus d'obéissance ou exécutions sommaires, qui sont liées à des refus d'ordres, sont bien plus nombreux mais moins connus car ces exécutés sont très souvent notés « morts au combat » dans les rapports des officiers.

Crédit photo : DP
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Les motifs des condamnations changent avec le temps et avec la prolongation de la guerre.

  • En 1914, les condamnés sont principalement accusés de s’être volontairement mutilé ;
  • En 1915, les condamnés sont accusés de désertions, de refus d’obéissance et d'abandon de poste devant l'ennemi ;
  • En 1916, les condamnés sont le plus souvent accusés de désertions. Ensuite viennent les condamnations pour refus d’obéissance et d'abandon de poste devant l'ennemi ;
  • En 1917, les condamnations concernent principalement des comportements collectifs. Les célèbres mutineries du Chemin des Dames restent gravées dans les mémoires ;
  • En 1918, les condamnations à mort sont moins nombreuses car les commandements militaires comprennent mieux l’état mental des soldats et les conséquences de l'obusite.

Les motifs des exécutions changent également dès le début de la guerre pour s'adapter aux situations du terrain.

  • Le 02 août 1914, la proclamation de l'état de guerre permet aux conseils de guerre de juger des civils ;
  • Le 10 août 1914, le recours en révision des condamnés est suspendu ;
  • Le 01er septembre 1914, les soldats peuvent être exécutés sans transmission du dossier au Président de la République ;
  • Le 01er septembre 1914, l’usage du droit de grâce revient au seul officier ayant assuré la mise en jugement ;
  • Le 06 septembre 1914, les conseils de guerre spéciaux, composés de seulement 3 juges, sont créés. Ils jugent sans instruction préalable et leurs décisions sont sans recours.
  • Les conseils de guerre

Au tout début de la guerre, les commandements militaires obtiennent du gouvernement français la présentation des prévenus devant les conseils de guerre sans instruction préalable. Début septembre 1914, le ministre de la Guerre abolit les possibilités de recours en grâce et en révision. De plus, le général Joffre réussit à imposer au gouvernement la constitution de cours martiales dénommées « les conseils de guerre spéciaux », qui doivent juger rapidement et durement pour l’exemple. Les prévenus sont jugés par une « cour » composée en général du commandant de régiment, assisté de deux officiers. Ces conseils de guerre votent et la majorité scelle le sort du soldat. En cas de condamnation à mort, la sentence est applicable dans les 24 heures selon les préconisations du général Joffre. Les exécutions qui en découlent doivent exercer un effet dissuasif sur la troupe. Elles doivent servir d'exemple. Devant les abus révélés par la presse et des associations, le parlement français tente d’atténuer cette justice expéditive. À la fin de l’année 1915, les conseils de guerre spéciaux sont supprimés. Enfin le 27 avril 1916, une loi permet d’atténuer et de contrôler cette justice militaire. Avec un procès plus long, certains avocats arrivent à démontrer des erreuts telles qu'un mauvais diagnostic du médecin du front trop fatigué, qu'un soldat victime d'obusite et incapable de pouvoir s'expliquer correctement, qu'une mauvaise interprétation d'un officier quant au comportement d'un soldat. Au final, une cinquantaine de fusillés par erreurs seront reconnus, innocentés et réhabilités à défaut de les ressusciter. Malgré la reconnaissance de ces erreurs, les réhabilitations sont très rares.

Crédit photo : DP
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L'armée française défendant la justice et le pays, il est inconcevable qu'elle puisse se tromper aux yeux de ses citoyens. Il en va du moral des civils de l'arrière qui, indirectement, influence celui des soldats du front. Il faudra attendre la fin de la guerre pour que des langues puissent se délier. Au final, les fusillés pour l'exemple ne sont pas si nombreux et pourtant ils focalisent toujours l'attention de nos jours. La mauvaise conscience taraude la mémoire collective, car ces fusillés sont morts sous des balles amies et par erreurs. Des fusillés par erreurs, la guerre en créera jusqu'à la signature de l’armistice.


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