La Grande Guerre

Les évasions des prisonniers civils et militaires

Chez tous les belligérants

  • Des chiffres délicats

Étant donné le manque de documents confirmant des évasions de camps de prisonniers, il est difficile de chiffrer avec précision, le nombre de tentatives ayant connu le succès. On peut cependant affirmer que ce phénomène est modeste à l'échelle de la Grande Guerre. D'après les témoignages d'après-guerre, on peut estimer avec prudence qu'environ 2 à 2,5 % des prisonniers ont réussi leur évasion, ce qui représente entre 150 000 et 200 000 individus. Ce faible taux est peut-être le résultat de l'endoctrinement d'une guerre courte entretenue par les Français et par les Allemands. Il est, par contre, quasi impossible de chiffrer le nombre d'évasions avortées.

  • Le profil des évadés

Il n'existe pas de profil type d'un individu qui prend la décision de vouloir s'évader. De très nombreux facteurs peuvent influencer cette décision. Parmi ces facteurs, on peut citer le fait de retrouver son pays, le fait d'échapper à l'enfermement et celui de reprendre la lutte. On peut cependant établir que les évasions, qui demandent des efforts physiques soutenus, sont entreprises par des individus jeunes et en bonne santé. Ces individus doivent également être déterminés, organisés et ne pas craindre d'être repris pour avoir une chance de réussir leur évasion. Certains individus sont ainsi repris plusieurs fois avant de réussir. C'est notamment le cas du capitaine De Gaulle qui est repris cinq fois avant de connaître le succès. Certaines tentatives se terminent plus tragiquement par la mort de l'évadé, qui est le plus souvent abattu par un garde ou qui se tue par accident.

  • La route des évadés

Pour tout prisonnier qui souhaite s'évader, la première étape consiste à tromper la vigilance des gardiens. La seconde étape consiste à franchir l'enceinte du camp sans se faire prendre. Une fois ces deux étapes réussies, il commence la troisième étape qui est souvent la plus longue. À présent, il doit marcher des centaines de kilomètres en territoire ennemi avant d'atteindre la frontière d'un pays neutre ou allié. Ce périple peut durant plusieurs semaines durant lesquelles l'évadé marche la nuit, se cache le jour, tente de se mêler à la population locale civile pour bénéficier de provisions et de chaussures. La connaissance de la langue du pays, la lecture d'une carte et l'utilisation d'une boussole sont des atouts indéniables. L'évadé qui peut se procurer de l'argent local peut tenter de prendre le train pour écourter son voyage ou se payer un logement intermédiaire décent. Le succès arrive lorsque l'évadé traverse une frontière et se retrouve dans un pays qui ne lui est pas hostile. S'il possède encore ces papiers militaires, il peut être rapatrié dans la caserne dont il dépendait avant son emprisonnement. Dans le cas contraire, il peut demander son internement jusqu'à la fin de la guerre. C'est notamment le cas de la Suisse qui interne des Français, des Allemands et d'autres individus provenant de pays très variés.


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