La Grande Guerre

La contribution des chevaux à la Grande Guerre

Les réquisitions

  • Du côté français

Bien avant le début du conflit, l'armée française a sous-estimé les besoins en animaux de trait nécessaires aux transports de munitions, de ravitaillement, de courrier, etc. en cas de guerre. Aussi, lors de la mobilisation générale de 1914, l'armée française constate qu'un régiment correctement équipé a besoin d'au minimum 300 chevaux. À ce chiffre, il faut ajouter 200 000 chevaux pour les besoins des services de santé - les premières ambulances sont hippomobiles - de l'artillerie - les canons sont tractés par des chevaux de trait - , de la colombophilie - les pigeons voyageurs - et de l'aérostation - les ballons d'observation -. En temps de paix, l'armée ne dispose que de 196 000 chevaux dont deux tiers sont des chevaux de selle. Cependant, la France compte quelque trois millions de chevaux dont deux millions peuvent être utilisés pour les besoins militaires. Aussi pour faire face à ce besoin pressant de chevaux, l'armée impose la réquisition d'animaux pour compléter ses besoins. Ainsi, chaque paysan doit se présenter dans sa mairie avec les animaux réclamés par les autorités militaires qui tiennent, avec l'aide des mairies, des listes d'animaux pouvant servir l'armée en cas de nécessité depuis plusieurs années.

Le transfert de chevaux réquisitionnés
Crédit photo : Collection Roger-Viollet
L'examen d'un cheval
Crédit photo : Collection Roger-Viollet
L'examen d'un cheval
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Le rassemblement de chevaux requisitionnés
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Moyennant une indemnité fixée par l'armée, variant entre 1 200 et 1 500 francs français, le paysan doit vendre une partie de ses animaux à condition que ceux-ci répondent aux critiques de sélection. Le temps manquant, on examine la dentition, les naseaux et les pieds. On touche les jambes et les tendons. On fait ensuite marcher et trotter le cheval afin de s'assurer qu'il ne boite pas. Si le cheval répond à ses critiques, il est sélectionné et reçoit un coup de pinceau sur l'épaule avant d'être estampillé d'un numéro de matricule au fer rouge sur le sabot antérieur gauche. Une fois devenu la propriété de l'armée, chaque cheval reçoit une affectation et un tatouage, représentant le régiment, sous sa crinière ou sur sa fesse droite. Les chevaux sont alors rassemblés et transférés vers les gares où ils sont installés par huit dans des wagons. Attachés par de simples cordes, certains chevaux très nerveux mordent ou donnent des coups à leurs congénères. D'autres se blessent ou se brisent des membres. Arrivés à destination, les chevaux de trait sont directement utilisés pour le transport du ravitaillement et des munitions aux premières lignes. Quant aux chevaux destinés à la cavalerie, ils bénéficient d'un peu de repos grâce au temps nécessaire à chaque cavalier pour connaître sa nouvelle monture.

Un cheval réquisitionné
Crédit photo : Gallica
Le rassemblement de chevaux requisitionnés
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La mobilisation de chevaux réquisitionnés
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Le numérotage d'un cheval réquisitionné
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Face aux carnages du début de la guerre, l'armée française voit le nombre de ces chevaux diminuer de manière drastique. En quelques mois, elle perd 130 000 chevaux. Les réquisitions ne pouvant compenser les pertes, l'armée française achète des chevaux à l'étranger, principalement aux États-Unis d'Amérique et en Argentine. Ces importations permettent d'acheminer entre 25 000 et 35 000 chevaux par mois. Toutefois, à raison de 1 475 francs le cheval, ces importations coûtent très cher au gouvernement français. En trois ans, la France dépense 818 millions de francs rien que pour l'achat de chevaux et de mulets. Le 23 mai 1917, face aux dépenses excessives en chevaux, avoine et foin, le ministre de la Guerre, Paul Painlevé, décide de stopper les achats de chevaux. Il exige également la diminution de la population équine de 100 000 têtes avant le 15 juin 1917. Pour ce faire, l'armée n'a d'autre choix que de vendre certains chevaux aux paysans et d'en abattre d'autres - 7 600 -. Les officiers sans commandement doivent également rendre leurs chevaux à l'armée française. Ces solutions ne suffisent pas à atteindre l'objectif des 100 000 bêtes. L'armée décide alors de donner 6 000 chevaux aux troupes américaines, de vendre 12 000 chevaux aux industriels pour un montant symbolique et des chevaux sont même prêtés aux paysans ne pouvant en racheter. L'objectif des 100 000 bêtes est atteint en octobre 1917.

Le transport de chevaux
Crédit photo : DP
Le transport de chevaux
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Une cuisine roulante sur le front de Verdun en 1916
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Le transport des munitions en 1917
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Paradoxalement, cette réduction du nombre de chevaux va provoquer de nouveaux problèmes. En effet, de nouvelles troupes américaines débarquent en France chaque mois. L'armée française doit leur fournir 7 000 chevaux chaque mois à partir de juillet 1917. À ce chiffre, il faut ajouter entre 12 000 et 13 000 chevaux qui doivent remplacer ceux qui meurent au service de l'artillerie française. Dès septembre 1917, l'état-major demande la reprise des achats de chevaux à l'étranger. Le ministre de la Guerre refuse. Il faut attendre le 06 novembre 1917 pour qu'il accepte enfin la reprise des importations de chevaux en provenance des États-Unis d'Amérique et de l'Argentine. L'armée française demande l'importation mensuelle de 500 chevaux de selle, de 3 500 chevaux de trait léger, 5 000 chevaux de trait et 1 000 mulets. Les deux pays importateurs ne peuvent assumer de telles quantités vu ce qu'ils ont déjà fourni à la France. Les importations sont alors fortement limitées.

  • Du côté allemand

En envahissant le nord de la France, l'armée allemande confisque pas moins de 373 000 chevaux à l'armée française. Ces chevaux sont principalement rattachés à l'artillerie allemande qui a besoin de nombreux chevaux pour tirer ces canons à moyenne et à longue portée.

  • Du côté britannique

À son entrée en guerre, l'armée britannique dispose d'environ 25 000 chevaux de temps de paix. À ce nombre, il faut ajouter 20 000 chevaux issus du programme Army Horse-Reserve. Rapidement, les Britanniques comprennent le besoin urgent d'acquérir des chevaux supplémentaires pour assurer certaines missions au combat. Le gouvernement britannique décide alors l'achat de chevaux de particuliers. D'anciens officiers britanniques à la retraite, des gentilshommes de campagne et des vétérinaires civils effectuent à la fois le travail d'inspection et celui d'acheteur pour l'armée. Ces acheteurs reçoivent un calendrier indiquant où les camions militaires stationneront afin de charger les chevaux acquis par l'armée. Ce système très organisé permet l'acquisition de 107 000 chevaux en douze jours ! Alors que le BEF s'organise, l'armée dispose à présent de 152 000 chevaux dont 42 000 partiront avec le BEF. Par la suite, l'armée britannique doit acheter des chevaux à la France, puis aux États-Unis d'Amérique. Sur l'ensemble de la guerre, les Britanniques ont recours à plusieurs centaines de milliers de chevaux, dont 165 000 uniquement pour la cavalerie.

Les besoins alimentaires

  • Du côté français

Étudiées en temps de paix, les rations quotidiennes des chevaux sont déterminées dans les manuels militaires. Ainsi, chaque cheval de la cavalerie légère doit recevoir 5 kg de foin, 5kg de paille et 6 kg d'avoine. Tandis que chaque cheval de trait doit recevoir 9 kg de paille et 8 kg d'avoine. Ces énormes quantités de nourriture posent d'énormes problèmes à l'intendance qui n'arrive pas à trouver assez de trains pour assurer leur transport. De plus, une bonne partie des paysans pouvant fournir la paille, le foin et l'avoine sont au front. Dans les premiers mois du conflit, les chevaux sont sous-alimentés. Aussi, la plupart des cavaliers tentent de s'approvisionner dans les villages où ils sont stationnés. Dès 1915, l'intendance met en place des ateliers de pressage qui vont permettre la création de ballots de 40 à 60 kg. Cela va permettre des transports simplifiés et un gain de place dans les wagons de transport.

Les problèmes liés au transport résolu provisoirement, un autre problème survient en 1915. Le manque de main d'oeuvre dans les fermes et le nombre croissant d'animaux réquisitionnés qu'il faut nourrir provoque une pénurie de foin. L'armée française est alors obligée d'acheter du foin aux Américains. Le délai nécessaire au transport de ce foin oblige l'armée à rationner les animaux ce qui entraîne rapidement une sous-alimentation. En plus de la nourriture, chaque cheval a besoin de 20 litres d'eau de qualité. Le manque d'eau du début du conflit provoque un affaiblissement nuisible à l'état général du cheval. En 1916, l'avoine devient une denrée recherchée car les stocks sont partout au minimum. Face à ce problème sans solution, le grand quartier général décide, dès 1917, de diminuer de 100 000 le nombre de chevaux dans les armées françaises. À partir de cette époque, les apports en nourriture pour les chevaux ne cesseront de se dégrader jusqu'à la fin de la guerre.

Les soins quotidiens

  • Du côté français

Chaque jour, un cheval a besoin de soins. Ainsi, il doit être pansé et brossé. Ses yeux et ses naseaux doivent être nettoyés. Sa litière doit être renouvelée. Ses sabots, sa crinière, sa queue doivent être contrôlés. Forcément, la guerre ne permet pas aux cavaliers de pratiquer tous ces soins quotidiennement. Ils sont prodigués de manière aléatoire. De plus, tous les quarante jours au maximum, chaque cheval doit être ferré à l'aide de clous et de crampons amovibles. Les maréchaux-ferrants des armées reçoivent une formation spécifique dans les régiments de cavalerie avant d'être envoyés dans les unités combattantes. Ce tableau idyllique n'a hélas pas court surtout au début de la guerre. Le Corps de cavalerie Sordet, envoyée en Belgique pour contrer les troupes allemandes, ne cesse de recevoir des ordres de l'état-major lui demandant de se déplacer. Ignorant tout des limites de chevaux, l'état-major ne se rend pas compte qu'il fatigue les chevaux qui ne sont plus dessellés que cinq à six heures par nuit. Du coup, ils dorment debout et commencent à s'occasionner des blessures plus ou moins graves.

Un cheval passé au permanganate de potassium
Crédit photo : DP
Une équipe de maréchaux-ferrants français
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Un maréchal-ferrant en action
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Un cheval passé au permanganate de potassium
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Le manque de soins, le manque d'hygiène, le manque de nourriture et la promiscuité avec les autres animaux entraînent dès la fin de l'année 1914 l'apparition de la gale. Elle devient rapidement un fléau qui contamine de nombreux chevaux dont les cas les plus graves doivent être évacués vers les hôpitaux pour chevaux. Aucun remède n'est vraiment efficace tant que les chevaux ne sont pas nourris correctement. Rien qu'en 1918, 155 000 chevaux sont encore contaminés par la gale. Une autre maladie fait son apparition dès le début du conflit. Il s'agit de la gourme qui est une infection des voies respiratoires. Elle touche de nombreux animaux présents sur le front et qui par conséquent vivent dans des conditions déplorables. La morve fait aussi son apparition dès le débit du conflit. Les chevaux sont dans ce cas victimes d'une inflammation des fosses nasales. La morve décime de nombreux chevaux du front, mais également à l'arrière et jusqu'aux fermes. L'Institut Pasteur finit par mettre au point un vaccin qui enraye l'épidémie dès 1916.

  • Du côté britannique

Bien avant le début de la Grande Guerre, les Britanniques ont appris à prendre soin de leurs chevaux. L'organisation, l'approvisionnement et les soins des chevaux font partie d'un programme complet. Un département vétérinaire est créé dès 1881. Une liste reprenant les métiers indispensables pour assurer les soins de chevaux. Parmi cette liste se trouvent des vétérinaires, manutentionnaires et entraîneurs, forgerons et maréchaux-ferrants, palefreniers et magasiniers. Aussi, dès l'arrivée du corps expéditionnaire britannique en France, des vétérinaires et des soigneurs débarquent et mettent en place très rapidement des baraques pour soigner les animaux qui seront blessés au cours du conflit.

Une équipe de maréchaux-ferrants britanniques
Crédit photo : National Army Museum
Une équipe de maréchaux-ferrants britanniques
Crédit photo : National Army Museum
Une équipe de soigneurs britanniques
Crédit photo : National Army Museum
Une équipe de soigneurs britanniques
Crédit photo : National Army Museum

Les rôles des chevaux

  • Du côté français

Étonnement, l'armée française entre en guerre avec à peine 4 000 voitures et 7 000 camions. Dans les plans de l'état-major, la cavalerie joue un rôle de pivot qui doit éclairer la marche des armées. Ainsi, les régiments de cavalerie doivent se rendre rapidement sur des points critiques, charger l'ennemi et protéger l'infanterie en progression. L'infanterie ne doit être utilisée que dans les situations où la cavalerie ne peut opérer. Pour accomplir ses différentes tâches, l'armée française a besoin des chevaux de selle. D'autre part, elle a également besoin de chevaux de trait pour tirer et déplacer ses canons et leurs munitions. Pour l'état-major français, la guerre est une affaire d'offensives, qui doivent être rapides et efficaces. Pour elle, seule la cavalerie peut accomplir ces missions. Cependant, l'artillerie et les mitrailleuses allemandes vont rapidement rendre obsolète la cavalerie française. Il faut plusieurs mois avant que l'état-major ne comprenne que la cavalerie n'a plus sa place sur les champs de bataille surtout lorsque la guerre se passe dans des tranchées protégées par une artillerie à longue portée. La dernière grande opération de cavalerie a lieu sur le front d'Orient. Durant cette opération, la brigade de chasseurs d'Afrique de l'armée d'Orient attaque la ville de Skoplje. Ce dernier grand succès de la cavalerie ouvre un accès au Danube et oblige l'armée bulgare à demander l'armistice.

La cavalerie française
Crédit photo : DP
La cavalerie française
Crédit photo : DP
La cavalerie française
Crédit photo : DP
Une charge de cavalerie
Crédit photo : DP
  • Du côté allemand

L'armée allemande utilise sa cavalerie essentiellement comme éclaireur. Elle a déjà abandonné l'idée de lancer sa cavalerie dans des charges Sabres au clair. Par contre, elle a conscience qu'il est nécessaire d'avoir des chevaux pour tirer ses nombreux canons à moyenne et à longue portée. Durant les mois de février et de mars 1918, les Allemands lancent leur dernière grande offensive qui doit se solder par un succès avant l'arrivée des Américains en France. Cette offensive échoue de peu. Certains spécialistes pensent que l'échec allemand est imputable en partie au manque de chevaux capables de transporter le matériel nécessaire pour ravitailler l'infanterie au combat.

La cavalerie française
Crédit photo : DP
La cavalerie française
Crédit photo : DP
La cavalerie française
Crédit photo : DP
Une charge de cavalerie
Crédit photo : DP
Afin de ne pas être trop facilement repérés par l'ennemi, les chevaux à robe claire - blanc, gris - sont passés au permanganate de potassium.

  • Du côté britannique

Au déclenchement du conflit, l'armée britannique ne dispose que de 25 000 chevaux. Une fois le corps expéditionnaire britannique débarqué en France, le commandement se rend compte rapidement qu'ils vont avoir besoin de chevaux pour assurer la reconnaissance, le transport de ravitaillement, le transport de munitions ou encore le déplacement des pièces d'artillerie.

Un cavalier britannique au repos
Crédit photo : National Army Museum
Des cavaliers britanniques au repos
Crédit photo : National Army Museum
Le 18e lanciers britannique lors de la bataille de la Somme en 1916
Crédit photo : National Army Museum
Le débarquement de chevaux
Crédit photo : National Army Museum

Contrairement à la plupart des autres alliés, les Britanniques combattent sur plusieurs continents. Ils ont donc besoin de chevaux pour couvrir les demandes en Europe - Belgique, France, Italie, Grèce - en Afrique - Égypte -, et en Asie - Mésopotamie, Palestine, Syrie, Turquie -. Les chevaux sont envoyés sur les différents continents en fonction de leur résistance au climat.

Des chevaux de trait tirant un canon
Crédit photo : National Army Museum
Un transport de ravitaillement britannique en 1916
Crédit photo : National Army Museum
Un transport de ravitaillement britannique en 1916
Crédit photo : National Army Museum
Un transport de munitions britannique en 1916
Crédit photo : National Army Museum
Chaque officier britannique se doit de se déplacer à cheval. Pour ce faire, chaque officier peut disposer de deux à quatre chevaux rien que pour parader.

Les hôpitaux pour chevaux

  • Du côté français

Au moment de la déclaration de guerre, la France ne possède aucun service vétérinaire autonome. Les équipes vétérinaires sont peu nombreuses, mal équipées et dispersées dans l'ensemble des territoires français. Au total, il y a moins de 3 000 vétérinaires dans l'armée. Aussi au début de la Grande Guerre, l'armée française dispose de 2 000 vétérinaires stationnés en France. Chacun d'entre eux a la charge de pas moins de 500 chevaux. Vu le peu de matériel dont ils disposent, les vétérinaires ne s'occupent que des animaux présentant des blessures superficielles. Les autres sont laissés à leur sort. Devant les énormes pertes de chevaux dès le début du conflit, l'armée française décide la création de structures pour soigner les chevaux qui peuvent l'être. En plus des soins qu'ils prodiguent aux animaux blessés, les vétérinaires prennent toutes les dispositions nécessaires pour éviter la propagation de maladies contagieuses. Ils décident également des chevaux à réformer ou à abattre. Ainsi, les vétérinaires présents sur le front éliminent sur place les chevaux trop gravement blessés. Les autres sont rapatriés vers l'arrière afin d'y être soignés.

Un hôpital de la Croix-Bleue
Crédit photo : DP
Un hôpital de la Croix-Bleue
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Un hôpital de la Croix-Bleue
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Un hôpital de la Croix-Bleue
Crédit photo : DP

En 1917, la suspension des importations des chevaux, conséquence du manque de subsides, oblige la transformation des structures vétérinaires en hôpitaux vétérinaires aux armées ou HVA. Toujours en 1917, 17 hôpitaux vétérinaires sont créés à l'intérieur du pays. Chaque hôpital possède une capacité d'accueil comprise entre 1 200 et 2 500 chevaux. Une fois soignés, la plupart de chevaux prennent la direction de l'artillerie. En 1918, l'artillerie française comptabilise à elle seule plus de 300 000 équidés ce qui en fait la plus grosse consommatrice de chevaux et de mulets. Après la signature de l'armistice par les Allemands en novembre 1918, de nombreux chevaux sont abattus soit en raison de leur âge, soit en raison des séquelles de la guerre, soit parce qu'on ne sait pas quoi en faire. Heureusement pour ces derniers, les Anglais récupéreront une partie de ces chevaux pour rééquiper la cavalerie de leur armée des Indes.

  • Du côté britannique

Tout comme les Français, les Anglais mettent en place des hôpitaux pour chevaux. Quant aux vétérinaires, manutentionnaires, forgerons, maréchaux-ferrants, palefreniers et magasiniers, ils sont incorporés à la Croix-Bleue britannique. Celle-ci est reconnue par le ministre de la guerre comme société de secours aux chevaux blessés. Rien qu'en 1915, 120 000 chevaux sont soignés dans les hôpitaux de campagne britanniques.

Deux soldats soignent un cheval blessé
Crédit photo : IWM
Test de masque à gaz sur deux chevaux
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Un vétérinaire soigne un cheval blessé par des éclats d’obus
Crédit photo : Evans
Un vétérinaire soigne un cheval blessé
Crédit photo : National Army Museum

Sur l'ensemble du conflit, ces hôpitaux accueillent 2,5 millions de chevaux dont 2 millions se rétablissent et sont renvoyés au front. En plus des chevaux blessés physiquement, les vétérinaires rencontrent très souvent des chevaux souffrant de détresse mentale due au choc des obus, des images de chevaux qui agonisent, des sons des combats, etc.

Un transport de chevaux vers un hôpital de l'arrière
Crédit photo : IWM
Un transport de chevaux vers un hôpital de l'arrière
Crédit photo : IWM
Un transport de chevaux vers un hôpital de l'arrière
Crédit photo : IWM
Un vétérinaire soigne un cheval blessé
Crédit photo : National Army Museum

Le bilan

  • Du côté français

Rien que pendant l'été 1914, le grand quartier général reconnaît la perte de 130 000 chevaux en trois mois. Ce chiffre interpellant est le résultat de l'artillerie allemande, qui décime la cavalerie française, et des problèmes liés à la sous-alimentation des chevaux. Pour combler ce déficit, l'armée française relance une seconde campagne de réquisitions de chevaux et achète des chevaux à l'étranger, principalement aux États-Unis d'Amérique et en Argentine. Ces importations permettent d'acheminer entre 25 000 et 35 000 chevaux par mois qui sont distribués entre la cavalerie et l'artillerie, qui a besoin de nombreux chevaux de trait pour tirer ses canons et leurs munitions. Le transport des chevaux vers la France est un véritable enfer pour ces animaux qui sont enfermés dans des wagons à bestiaux entre quatre et huit jours pour arriver aux ports d'embarquement. Ensuite, la traversée par bateau dure entre quinze et vingt jours. À leur arrivée, les chevaux encore vivants sont épuisés par le stress du transport. Un bateau américain ayant subi une tempête en mer doit déplorer la perte de 167 chevaux sur les 205 qu'elle transportait. Les chevaux descendent sur terre via des passerelles ou une grue qui les déposent au sol grâce à des sous-ventrières. Une fois sur terre, ils sont parqués dans des hangars durant trois à cinq jours avant de rejoindre leur affectation.

Des cadavres de chevaux
Crédit photo : DP
Des cadavres de chevaux
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Des chevaux morts à Verdun en 1916
Crédit photo : DP
Des cadavres de chevaux
Crédit photo : Collection Roger-Viollet

Entre janvier 1915 et mai 1917, la situation des chevaux est critique. Rien que sur cette période, 260 800 chevaux sont tués, abattus ou morts de maladie. Soit une moyenne de 300 chevaux par jour. À cette période, les abattages de chevaux sont fréquents. Ainsi, un cheval à la jambe brisée ou atteint d'une maladie contagieuse est systématiquement abattu. De plus, la cavalerie devenant inutile avec la guerre des tranchées, de nombreux chevaux sont réaffectés à l'artillerie même si ceux-ci ne sont pas adaptés au transport de charges de plus en plus lourdes.

Des chevaux néo-zélandais près pour le voyage vers la France
Crédit photo : New Zealand Wars
Des chevaux néo-zélandais près pour le voyage vers la France
Crédit photo : New Zealand Wars
Des chevaux néo-zélandais près pour le voyage vers la France
Crédit photo : New Zealand Wars
Une plaque commémorative consacrée aux chevaux
Crédit photo : DP

En 1918, l'artillerie française comptabilise à elle seule plus de 300 000 équidés ce qui en fait la plus grosse consommatrice de chevaux et de mulets. Après la signature de l'armistice par les Allemands en novembre 1918, de nombreux chevaux sont abattus soit en raison de leur âge, soit en raison des séquelles de la guerre, soit parce qu'on ne sait pas quoi en faire. Heureusement pour ces derniers, les Anglais récupéreront une partie de ces chevaux pour rééquiper la cavalerie de l'armée des Indes.

L'armée française déplore la perte de 1 140 000 chevaux morts de maladies, d'épuisement, de blessures ou de sous-alimentation sur l'ensemble du conflit mondial.

  • Du côté britannique

En 1919, l'armée britannique reconnaît la perte de 484 000 chevaux répartis en Europe, en Afrique et en Asie. La plus lourde perte a lieu lors de la bataille de Verdun en 1916 où 7 000 chevaux meurent en une seule journée.


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