La Grande Guerre

La contribution des ânes à la Grande Guerre

Les réquisitions

  • Du côté français

En 1916, lors des premières réquisitions, les ânes ne sont pas recensés par l'armée française. Ils ne seront jamais au cours du conflit mondial. Ce n'est qu'après la bataille de la Somme, qui se déroule en août 1916 que l'état-major français perçoit l'intérêt de l'utilisation des ânes dans l'armée. Sa résistance face aux maladies, sa résistance à porter des charges jusqu'à 60 kg, sa petite taille et son intelligence pour circuler dans les tranchées en font un atout indéniable. Importés d'Algérie pour la plupart, ils sont environ 10 000 sur le front fin 1916. En final, on estime que l'armée française dispose de 274 000 ânes dont 12 500 sont sur le front ouest. Tout comme les chevaux, les ânes sont sélectionnés sur base de critères imposés par l'armée. Pour chaque âne retenu, le paysan reçoit une indemnité. Une fois la propriété de l'armée, chaque âne subit une opération qui consiste à lui trancher verticalement la lèvre supérieure sous la narine. Ainsi, l’âne renonce à braire, car à chaque tentative, une douleur à la hauteur de la coupure l’en empêche. De plus, une bonne partie des ânes deviennent sourds en raison des coups de feu tirés près de leurs oreilles.

Les besoins alimentaires

  • Du côté français

Contrairement aux chevaux, les ânes sont moins compliqués à nourrir. Ainsi, chaque âne doit recevoir quotidiennement en hiver 10 à 15 kg de foin. Au printemps, il reçoit un peu de fourrage. En été, il broute de l'herbe fraîche dans les pâturages. En plus de la nourriture et en toute saison, il doit recevoir entre 15 et 20 litres d'eau propre de manière quotidienne.

Les soins quotidiens

  • Du côté français

La plupart des ânes utilisés par l'armée française proviennent d'Algérie. Ces ânes, au nombre de 20 000, sont habitués à un climat chaud et sec. Aussi, le climat froid et humide de la France, le manque d'abris pour la nuit et le manque de soins nuisent à la bonne santé des ânes. Rarement malades, les ânes réquisitionnés attrapent des maladies infectieuses comme la grippe, la peste, la gale ou la rage. Avec leur participation dans des zones de combat, d'autres maladies surviennent comme les troubles cardiaques, les troubles nerveux ou encore les troubles digestifs. L'un des avantages de l'utilisation des ânes est que, contrairement aux chevaux, ils possèdent des sabots durs qui n'ont pas besoin d'être ferrés. Par contre, il faut parer ces sabots de chaque âne une fois par trimestre avec une pince et une lime.

Les rôles des ânes

  • Du côté allemand

Les Allemands utilisent les ânes principalement pour ravitailler les premières lignes. Au départ, les Allemands prennent soin de ne pas dépasser les 40 kg de charges par âne. Mais avec le temps, ces charges augmentent et certains ânes portent jusqu'à 80 kg. Cette surcharge provoque de nombreux problèmes de dos chez les ânes. Afin de ne pas faire de bruit, les sabots des ânes sont enveloppés dans du tissu. Afin de ne pas se faire repérer par l'ennemi, les ânes aux poils clairs sont passés au permanganate de potassium.

Un âne équipé d'un masque à gaz
Crédit photo : DP
Un âne dans un centre de soins
Crédit photo : DP
Un attelage avec des ânes
Crédit photo : DP
Un attelage avec des ânes
Crédit photo : DP
  • Du côté français

Mesurant à peine un mètre, plus petits et plus discrets que le cheval, les ânes sont très utiles pour le transport du ravitaillement et des munitions aux premières lignes. Leur petite taille leur permet de se faufiler sans problèmes dans les boyaux très étroits des tranchées. Ils sont capables de transporter 40 kg de charges sur 25 km sans faire une pause. Ils peuvent même transporter 60 kg de charge sur une distance plus courte. Cette aide précieuse permet d'économiser 90 % des soldats qui sont réquisitionnés pour le transport du matériel en premières lignes. Les ânes sont également considérés comme intelligents et savent éviter les barbelés. Ils apprennent rapidement à reconnaître les chemins menant de l'arrière vers les premières lignes. De nombreux soldats qui conduisent ces ânes aux tranchées - le plus souvent au nombre de 10 à 15 - les trouvent affectueux et très sociables. Si certains ânes se montrent capricieux, c'est souvent le résultat d'un manque de compréhension entre le soldat et l'animal, qui possédait d'autres habitudes avec son ancien maître.

Des ânes et leur chargement
Crédit photo : DP
Des ânes et leur chargement
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Un âne et son chargement
Crédit photo : DP
Un âne et son chargement
Crédit photo : DP

Les hôpitaux pour ânes

  • Du côté français

Les granges de Neuville-lès-Vaucouleurs sont réquisitionnées par l'armée pour accueillir un hôpital pour ânes. Au total, ces granges peuvent prendre en charge jusqu'à 300 ânes. Une fois soignés, la plupart des ânes repartent pour Verdun. Pour les autres qui décèdent, ils sont jetés dans une fosse de 5 m sur 8 m située à l'extérieur du village.

Un âne trop grièvement blessé peut être abattu par un simple soldat alors que pour un cheval c'est le vétérinaire qui doit en donner l'ordre.

Le bilan

  • Du côté français

Au cours du conflit, le nombre d'ânes tués est supérieur à celui des chevaux simplement par le fait que les ânes sont les seuls animaux à monter en premières lignes. Ils meurent le plus souvent d'épuisement, de froid et de blessures d'obus ou de mitraille. Il est cependant difficile de chiffrer les pertes car, contrairement aux chevaux, les ânes ne sont pas immatriculés ni recensés par l'armée française.


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